Correspondance de la liseuse du seuil

Chère Sobo,

Ici, le temps presse. L'hiver approche et j'aurais dû déjà prendre la route.
J'ai peut-être trouvé le moyen de rejoindre l'ouest, sous bonne escorte.

Le seigneur Kinawa a répondu favorablement à ma demande, je pourrai sans doute, grâce à son aide, rejoindre la plaine du tonnerre... Et au-delà le clan Yogama. Je dois d'ailleurs envoyer un message à l'honorable de ce clan.
Ce voyage est une périlleuse entreprise mais à quoi bon maintenant renoncer ?
Tu as sans doute déjà deviné que je ne passerai pas très loin du lac de l'aube. L'image reste lumineuse à mon souvenir. Je hasarderai sans doute mes pas là-bas si l'escorte me le permet. Il y a sans doute beaucoup à apprendre des lieux où l'on revient. Même les plus heureux quand le bonheur vous échappe.
Oui, tu vois, ce lac déjà me donne à rêver. Mais qui d'autre mieux que toi saurait comprendre l'attente que l'on doit à ceux que l'on aime. Sans doute y puiserai-je le motif d'un long chant, quelque chose de triste mais vivant, au moins. Comme lui.
J'aborde mieux au passé qu'à l'avenir : tu me l'as déjà dit.

Nous verrons la réponse de Yogama. S'il accepte, ce sera l'occasion de reprendre la plume, et peut-être même les histoires. Si elles me reviennent...

Je t'embrasse Sobo. Veille sur tes vieux jours vénérés,

Ta petite fille

Pour information Yogama est censé etre mort il ya trois ans lors de la Guerres des Clans, le Daimyo de la Famille Yogama est sa veuve Yogama Ikko, une sage renommée chez les licornes ( Rien a voir avec son "défunt mari"

Dri a écrit:

Pour information Yogama est censé etre mort il ya trois ans lors de la Guerres des Clans, le Daimyo de la Famille Yogama est sa veuve Yogama Ikko, une sage renommée chez les licornes ( Rien a voir avec son "défunt mari"

Et bien j'écrirai à Dame Ikko. Puisse sa générosité couvrir mes pas.

La liseuse

Un parchemin à votre intention vient d'arriver .

Lin Tsu Tsin - La Première Parfaite a écrit:

Dame Sobo,

J'ai cru comprendre que vous souhaitez approcher le clan du Crabe et la Grande Muraille Kaiu. C'est un bien dangereux voyage que vous entreprenez là. Mon époux Kinawa Loup Gris est actuellement dans les Terres du Dragon, mais je serais tout de même disposée à vous aider.

Au Cent Pigeons adressez vous au chef de la garde du Papillon KINAWA Masouka Sama. Il sera heureux de vous escorter jusqu’à la Citée des 3, où je serais disposé à vous écouter.

Ne vous formalisez je vous prie madame, de l’étrangeté de mon peuple. Nous sommes gaijins et cela ne fait que très peu de temps que nous nous sommes ouvert au reste de Rokugan.

Codialement
Lin Tsu Tsin

Lin Tsu Tsin
KINAWA Masouka
Les Cent Pigeons

Chère grand-mère Sobo,

Mon départ est proche. Lin Tsu Tsin, épouse de Kinawa Loup gris, me propose son aide et sa protection. J'ai hate de partir.

Ce long voyage que tu redoutes tant pour moi sera sans doute l'occasion de mille leçons et de mille merveilles. Les dangers ne seront que les marches un peu trop hautes qui accompagnent l'humble dans sa descente vers plus humble que lui.

Je suis déjà partie il y a cinq ans, dans les pas de mon seigneur. Je ne fais au fond que retracer une route que mon coeur a suivi sans mon corps. Tout cela reprend sens à présent.

Lin tsu tsin m'offre de rejoindre les Cents Pigeons où un chef de garde de Kinawa me guidera à sa demeure.
On dit beaucoup de choses sur cette dame, son époux et sur ce lieu de gaïjins. Nous verrons. J'attends des précisions sur ce voyage.

Mes affaires sont prêtes, je puis partir sur l'heure. La maison restera sous la garde de la voisine. J'ai vendu tout ce qui n'était pas à Matsu. J'ai confié ses affaires à sa première épouse : elle n'a rien dit quand je lui ai expliqué mon départ. Elle a toujours nié mon existence au fond, mais au moins avons-nous su cohabiter sans douleur.
Si Matsu a aimé, il l'a sans doute plus aimée que moi, mais cela est sans importance. Je n'ai jamais cherché que son estime et non uniquement ses faveurs. Il la traitait comme une épouse ; si je le retrouve, il me traitera comme sa femme.

A très bientôt Sobo, je ne partirai pas sans t'en avertir.

Puisse les jours accompagner longtemps la lumière de tes pas.

Ta petite fille

Ma chère damiasha,

ce long voyage que tu m'annonces ne m'inquiètes pas tant que les rêves qui te portent. Tu n'as pas vu le seigneur Mastu depuis près de cinq ans, qui te dit qu'il ait changé ?
Tu as toujours aimé cet homme au-delà de ce qu'il pouvait t'offrir. Ca n'a jamais été qu'un mariage arrangé par tes parents, je n'ai jamais pensé qu'il pourrait t'aimer comme il aurait dû le faire pour ma petite fille préférée.
Nous ne savons même pas s'il est mort et toi tu vas te lancer dans ce voyage de plusieurs miliers de kiomètres. Je sais que tu es jeune mais je crains beaucoup pour tes jours. Sans doute si tu avais dix années de plus, tu ne penserais pas à ce voyage ou tu le penserais avec moins d'espoir.Car c'est bien ton espoir qui me fait peur.
Je pense que tu comprendras les préventions de ta vieille grand-mère. Je n'espère plus te faire changer d'avis, mais au moins je souhaite que cette lettre te fasse un peu réfléchir et qu'elle t'aidera à ne pas trop attendre de ce si long périple qui va mettre en danger tes jours et ta raison de vivre : cet amour pour le seigneur Matsu qui peut-être ne le mérite même pas.

Ta grand -mère Sobo.

Chère Sobo,

Ta lettre m'a fait très plaisir même si bien sûr je m'attendais à ce que tu me dises tout cela. Et la raison n'a jamais été d'un grand remède... Sans doute mon seigneur ne mérite t-il pas un si long voyage, sans doute suis-je encore une enfant.
Si Matsu est mon but, il y a ce voyage qui me fait grand envie. Je trouverai sur ma route quantité d'histoires à raconter. Et de grands guerriers dont conter les exploits.

Tu me fais la leçon, mais ton propre seigneur, Sobo, je sais à quel point tu l'as aimé. Pourquoi voudrais-tu que je sois plus raisonnable que toi ? Même si cela n'a aucun sens et est dangereux. Jamais en fermant les yeux, je n'ai vu autre chose que le regard de Matsu. Il est l'horizon dans le soir. Il est la destination du vent quand les feuilles frissonnent alentour.
Que m'importe ce qu'il était...les seigneurs croisés sur mon chemin m'apprendront ce que vaut Matsu...Ce qu'il devra valoir pour que je le retrouve.

Je dois répondre à Lin Tsu Tsin à présent.

Puisse ma lettre raccourcir l'espace qui nous sépare.

Ta petite fille

Noble Lin Tsu- Tsin,

Je vous sais gré de l'invitation que vous m'avez faite parvenir. Je suis ravie de l'accepter. Votre très haute bienveillance m'apporte un précieux secours dans ce voyage au-delà de la muraille Kaiu.

J'ai entendu parler des splendeurs de votre cité et j'ai hate de découvrir ses mystères. Je suis prête à partir et devrais rejoindre le poste des cents pigeons d'ici une quinzaine de jours.Mes déplacements seront rendus plus aisés grâce au premier né des haras du seigneur Matsu : Kumo, qui accompagnera mon périple. La noble Mastu Ai Suru K. Iko m'a permis de conserver cette monture bien que je ne sois que la cinquième et dernière concubine de son seigneur. A mon arrivée, j'ai mission de vous remettre de sa part ce bel animal ainsi qu'un pli qui sans doute intéressera votre époux et vous-même.
Dame Karasu m'a également adjoint un serviteur qui m'accompagnera jusqu'aux cent pigeons.

A très bientôt donc. Que les dieux étendent leur ombre lumineuse sur votre clan.

Votre très humble,

La liseuse du seuil

Chère Sobo,

Le pas lent de Kumo suivant la caravane qui m'emmène aux Cents pigeons me laisse tout loisir de t'écrire.
On dirait que ce cheval lui-même sait où il nous conduit et loin de se hâter de retrouver le seigneur Matsu, son maître, il tente d'un pas lancinant de lui donner du temps pour s'amender de ce que mon seigneur m'a fait.

Prendre la route est la seule décision saine que j'ai prise depuis cinq ans. Il reste dans cet inconnu qui va s'étirer devant nous durant des centaines de kilomètres bien plus de vie et d'envie qu'entre tous les murs ouatés de ma demeure luxueuse mais déchue.

Mais ce n'est déjà pas si mal que cette existence, pour une née heimin comme moi, n'est-ce pas ? Le Kyuden Ikoma ne sera d'ailleurs guère loin de nos pas.

Que crois-tu que Matsu avait en tête quand il m'y envoya, enfant ? De quelle dette avait-il donc à s'acquitter ? Je ne me rappelle même pas avoir fait ce bandage qui lui aurait sauvé la vie. Je n'ai guère, dans mon souvenir, que tout son corps s'écroulant sous mes yeux.

Comment ai-je pu moi-même y croire à ce mariage, Sobo ? A treize ans, que peut-on bien faire du monde quand bien même on aurait épié et compris ses rouages élémentaires ? N'est-ce pas tout ce que les bardes ikoma ont tenté de m'apprendre : regarder le monde, le nommer mais aussi savoir le taire. Et pourtant, ce jour sacré où Matsu est passé de mon père adoptif à mon époux, y ai-je cru à ses sornettes de petite fille... Guérit-on jamais des histoires qu'on lit aux enfants ?

Pardon, je me fais aussi sombre que le thé amer et sans doute aimerais-tu davantage que je te parle de ces paysages et de ces bruits alentours.

Notre convoi s'étire sur des lieues : un trentaine de chariots lourdement chargés et une armée de ronins aux mines sombres qui ouvrent et ferment notre route. La caravane est composée d'une foule bigarée : porteurs louant leurs mains à la journée, marchands pauvres à dos de mules ou à pied, riches promises en palanquin rejoignant quelque seigneur alangui de ses nouveaux joujoux. Comme tu le vois, rien n'est vraiment triste à travers ces lieux et ces mouvements. De nombreux ouvriers pensent trouver le salaire quotidien dans les grands travaux entrepris plus au nord, dans la vallée des papillons : une ancienne route rénovée par les soins de Dame Yogama Ikko.

Je t'enverrai cette lettre au relais des Cents Pigeons.
Quand tu me liras, j' aurais gagné la garde de l’Otokodate des 13 Guerriers. D'ici -là, sans doute en saurai-je davantage sur ce qu'on dit d'un cerisier mort à jamais brûlé mais à jamais debout. Cet arbre m'intrigue. Le marchand qui m'en a parlé dit qu'il s'agit d'un lieu maudit, mais qu'importe. Je ne crois guère aux démons, hormi ceux sans doute que sèment dans le coeur la colère et la peur...

Tu vois que pour lors ta petite Damiasha est à la fois raisonnable et saine et sauve. Ne t'inquiète pas trop, Sobo. Et passe sur cette terre des jours paisibles.

Ta petite fille,
Ansha